Mes cinq journées de formation ont été bien remplies et sont passées très vite. C'est toujours un plaisir de travailler sous la direction d'Hélène Potin : relieuse accomplie, elle est aussi une remarquable pédagogue, aussi patiente qu'exigeante.
J'ai découvert deux techniques : le montage sur onglets et la mosaïque de cuir.
Le premier ouvrage, monté sur onglets, n'est pas terminé : je me suis arrêtée au moment où on retrouve les étapes d'une reliure classique.
Les onglets sont des bandes de papier pliées et cousues, rajoutées à chaque cahier d'un livre :
Ils correspondent à la partie gauche, plus claire.
On rajoute des onglets soit pour une reliure particulièrement luxueuse, soit, comme c'est la cas ici, pour un livre dont le papier est particulièrement fragile.
Toutes les opérations de façonnage du dos du livre se font uniquement sur cette partie rajoutée et n'impactent en rien le livre original. D'autre part, l'ouverture du livre se fait bien à plat.
Dans les prochains jours, je vais terminer cette reliure.
La mosaïque de cuir est une technique de décor des couvertures, alliant des découpes minutieuses et un travail de dorure à chaud.
J'ai réalisé un livre unique : je n'ai pas relié un livre existant, mais j'ai composé un recueil de poésies sur le thème de la nuit. Ayant choisi textes et illustrations, j'ai crée la disposition puis ai imprimé l'ensemble des pages sur un papier ivoire.
Voici quelques pages :
Pour la couverture, j'ai composé un dessin avec l'aide d'un collègue : un hibou perché sur une branche, sur un fond de nuit étoilée, éclairée par la lune :
Les mosaïques de cuir peuvent se faire de différentes manières : deux techniques ont été utilisées sur cette couverture.
Le livre a été relié en cuir bleu marine.
Pour figurer l'arbre et la lune, les silhouettes correspondantes ont été découpées dans la couverture, puis remplacées par les mêmes décors découpés dans un cuir différent. Ces mosaïques sont à niveau avec le cuir qui couvre le livre. Les découpes sont extrêment pécises et délicates puisque les pièces doivent s'emboîter exactement dans la partie évidée. C'est plus facile sur des pièces droites, mais quand on choisit pour débuter une forme irrégulière avec des arrondis... il faut assumer !
Le hibou est un assemblage de deux cuirs différents. Ici, les pièces sont découpées dans un cuir très fin (paré à 3/10e de millimètre) et sont collées sur le cuir bleu marine, après une préparation de la zone de collage. Ces mosaïques apparaissent en relief léger :
Il y a ensuite un travail de dorure à chaud : sertissage des différentes pièces de cuir avec des fers à dorer droits ou courbes et ajout de décors.
Vous avez à gauche le hibou après collage et à droite avec ajout de détails réalisés avec des fers à dorer : plumage figuré par des V, yeux et bec. La technique employée est le froid naturel : le cuir humide est progressivement bruni par la chaleur de fers appliqués plusieurs fois au même endroit. Mon hibou a les yeux légèrement cernés : il n'a pas fait d'insomnie (!), je n'ai pas posé le fer exactement dans l'empreinte...
Les cratères lunaires ont été réalisés avec des fers courbes et du film gris pâle :
J'ai rajouté des étoiles dans le ciel : fer à dorer en forme d'étoile et film doré. L'étoile filante est une composition : ajout de la queue avec des fers courbes.
Ce livre a bénéficié d'une tranchefile en cordonnet de soie bleu et blanc :
Et pour les gardes couleur, j'ai choisi un papier évoquant une nuit étoilée :
Dès que j'aurai trouvé une police de caractères à mon goût, je rajouterai le titre sur la couverture, en-bas à droite : La nuit en poésie.
Ce décor n'a pas l'air bien compliqué et pourtant, j'y ai travaillé pendant 25 heures !
Le blog et sa rédactrice vont prendre quelques semaines de vacances : je vous retrouverai avec plaisir ici le dimanche 1er septembre.
Bonnes vacances à vous tous !
A bientôt.